sábado, 3 de outubro de 2015

Richelieu rezando uma missa. Musée Eugène Delacroix Paris

  
Eugène Delacroix
Le cardinal de Richelieu disant la messe dans la chapelle du Palais-Royal
Huile sur toile
Signé en bas à droite : Eug Delacroix
1828
H. 40 cm x L. 32,4 cm
Achat, MD 2015-7

Musée Eugène Delacroix Paris
6, rue de Furstenberg
75006 Paris
Métro: Saint Germain-des-Prés ou Mabillon.

Cette œuvre exceptionnelle est une esquisse du grand tableau du Cardinal de Richelieu disant la messe dans la chapelle du Palais-Royal qui fut commandé à Eugène Delacroix, sans doute en 1828, par le duc d’Orléans -le futur Louis-Philippe- pour sa galerie historique du Palais-Royal. Celle-ci rassemblait des œuvres liées à l’histoire du lieu, de sa construction par le cardinal de Richelieu jusqu’au début du XIXe siècle. La scène représentée par Delacroix semble évoquer un épisode de 1635, soulignant combien l’homme d’Église était aussi soldat : « À l’exemple du cardinal de Lorraine, Richelieu avait des gardes dont l’ordre était […] de ne pas le quitter à l’autel, et de mêler ainsi l’odeur de la poudre à canon et de la mèche parmi l’odeur de l’encens. » De grandes dimensions – plus de deux mètres par un mètre et trente centimètres – le tableau fut exposé au Salon de 1831. Il avait occupé Delacroix pendant plusieurs mois, s’il faut en croire la lettre qu’il écrivit à son ami Charles Soulier : « Je dirais que le maudit tableau du duc d’Orléans m’a tenu trois grands mois. » Il avait par ailleurs également écrit à son ami peintre Louis de Schwiter pour lui demander de copier pour lui la tête du cardinal d’après la grande œuvre de Philippe de Champaigne du Louvre (Inv 1136).

Le 24 janvier 1848, le tableau disparut dans la mise à sac du Palais-Royal et n’est aujourd’hui connu que par sa gravure et par les oeuvres qui lui sont associées. Cette disparition – qu’évoque une mention laconique de Delacroix dans son Journal en 1847 - rend l’acquisition récente de son esquisse par le musée Delacroix plus précieuse encore. Si le sujet et la composition d’ensemble sont les mêmes, le petit tableau nouvellement acquis offre avec la commande du duc d’Orléans de nombreuses différences, qui lui donnent une qualité singulière. L’introduction de colonnes torses lui confère un rythme plus fort. Ces colonnes n’existaient pas au Palais-Cardinal, sous Richelieu, mais sont proches de l’architecture du Val-de-Grâce, construit après la mort du premier ministre de Louis XIII. La présence de la figure du hallebardier, au premier plan à gauche, tournant le dos au spectateur, exalte la tension dramatique de la peinture. La main sur son mousquet, il semble prêt à intervenir si la vie de son maître était en danger, contrevenant ainsi aux usages religieux, mais demeurant fidèle à la volonté du redoutable homme d’État. Les visages, celui du cardinal notamment, sont à peine esquissés, contrastant avec la place donnée à la couleur, au rouge cardinal, en particulier, qui exacerbe la théâtralité du tableau.

C’est une amie de Delacroix, peintre elle-même, Louise Rang-Babut, qui acquit cette très belle esquisse en 1846. Elle fréquentait à Paris l’atelier du peintre depuis 1837 et s’était installée ensuite à La Rochelle où elle avait ouvert un atelier de peinture. Louise recevait les conseils de Delacroix qui lui envoyait des esquisses. Est-ce le cas de celle-ci dont il évoque, dans son Journal, l’achat par son amie sur la page de garde du carnet daté de 1847 : « le Richelieu 200 francs » ? La datation de l’œuvre pose en effet question. Certains penchent ainsi pour une réplique, réalisée au début des années 1840 pour sa destinataire. D’autres y voient plutôt une première intention pour le grand tableau de 1828, plus forte qu’il ne fut. Il aurait été ensuite modifié à la demande du duc d’Orléans, afin d’être plus conforme à une commande officielle.

Dans la collection du dernier appartement et dernier atelier de l’artiste, cette peinture met en évidence les liens qui unissaient Louise et Delacroix : leur amitié était réelle, au point que le peintre fut parrain du second fils de Louise avec laquelle il demeura lié jusqu’à son décès en 1863. Cette œuvre précieuse, doublement liée, par son commanditaire initial et par son sujet, à l’histoire de France, est ainsi également une œuvre intime.

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